Chapitre 14

 

Au crépuscule, Sébastian glissa pour rejoindre sa fiancée. Quand il se rematérialisa, sa peau se glaça instantanément : la déesse lui avait menti.

Il avait passé toute la journée chez Kaderin, après s’être téléporté à Londres puis avoir pris un taxi, qui s’était arrêté quelques minutes avant l’aube à l’adresse que Scribe, à contrecœur, lui avait communiquée. Glisser jusque dans l’immeuble ne lui avait posé aucun problème.

Une fois les rideaux de l’appartement fermés avec soin, il s’était aperçu qu’il pouvait en effet écouter la télé « d’une oreille » en lisant les journaux à toute allure. En revanche, le décor à la fois banal et Spartiate des lieux ne lui avait rien appris sur leur occupante. Sans le parfum qui imprégnait l’oreiller à la taie de soie et la collection d’armes, de boucliers, de fouets et de menottes qu’il avait fini par dénicher dans un placard, il se serait demandé si Scribe lui avait donné la bonne adresse.

Et maintenant, voilà.

« Les fruits les plus accessibles », avait dit Riora. « L’Europe et les alentours. » N’empêche qu’il s’était rematérialisé dans le sillage d’un véhicule pataud, qui crachait une fumée noire en rampant sur une plaine de glace.

Sa fiancée se trouvait dans cet engin, il n’en doutait pas, et l’Europe était bien loin. Sébastian tira maladroitement le parchemin de sa poche pour passer en revue les dix missions proposées. L’Antarctique.

Le bout de ses doigts gourds noircissait déjà – engelures quasi instantanées. Nom de Dieu. Heureusement, en cette saison, il faisait nuit vingt-quatre heures sur vingt-quatre au pôle Sud ; malheureusement, il y faisait aussi très froid, ce qui n’était pas peu dire, pour quelqu’un qui avait passé son enfance au bord de la Baltique. Il devait se protéger des éléments, mais le manteau et les gants achetés la semaine précédente n’y suffiraient pas.

Sébastian glissa en un clin d’œil jusqu’à un des magasins où il avait renouvelé sa garde-robe, s’arrangeant pour apparaître dans une cabine d’essayage – où, par chance, personne n’essayait rien. Après avoir enfilé des gants très chauds, plusieurs couches de vêtements et un gros manteau, il nota le nom de la boutique dans un coin de son esprit pour y envoyer de quoi payer le tout et repartit comme il était venu.

Le même véhicule réapparut à ses yeux, à un quart d’heure d’intervalle… quinze minutes pendant lesquelles cette tortue aurait sans doute avancé davantage si Sébastian l’avait lancée de toutes ses forces vers le pôle.

Il s’enroula autour des oreilles et du visage un cache-nez de laine noir et tira une fois de plus le parchemin de sa poche. Le pic le plus élevé des montagnes transantarctiques était percé par un tunnel de glace abritant trois amulettes.

Kaderin devait être à leur recherche, car elle se dirigeait vers les contreforts de la chaîne montagneuse. Sébastian glissa jusqu’au sommet qui dominait tous les autres, sur la plus haute saillie discernable, d’où il en localisa une autre, plus haute encore. Là…

Il se matérialisa à l’entrée d’un corridor, où il s’empressa de se téléporter le plus loin possible, au bout de la portion rectiligne visible, avant de négocier à pied le premier virage. Puis il glissa une fois de plus jusqu’au suivant. Facile. Malgré ses vêtements chauds, il souffrait toujours aux extrémités d’engelures douloureuses, qui guérissaient entre deux matérialisations.

Au fond du conduit, posées sur une étroite corniche, attendaient trois petites amulettes assez semblables à des éclats de miroir déchiquetés, taillés dans la glace. Il en prit une, pour Katia, puis glissa de nouveau à l’extérieur afin de guetter son arrivée.

Quel paysage étrange ! Jamais il n’avait rien imaginé de tel. À l’époque où il était humain, l’Antarctique se réduisait à une rumeur, une impossibilité.

Ici, les étoiles ne scintillaient pas. Elles semblaient aussi figées, aussi mortes que sur les photos qu’il avait découvertes à Londres. La lune ne se levait ni ne se couchait ; même si, depuis une demi-heure que Sébastian se trouvait dans la région, elle s’était déplacée vers la gauche au-dessus de l’horizon.

Il n’aurait jamais contemplé ce spectacle surnaturel, s’il n’avait pas été transformé. Il n’aurait jamais eu à attendre anxieusement sa fiancée.

Que vais-je lui dire ?

Deux hélicoptères rugissants arrivèrent à toute allure, décrivirent un cercle en l’air puis se posèrent au pied de la montagne. Poussé par la curiosité, Sébastian glissa à proximité. Deux autres concurrents s’apprêtaient à escalader la montagne. Un plan prit forme dans son esprit. Si sa future épouse le trouvait trop modeste, trop discret… bon, il était modeste et discret, la plupart du temps… mais si elle pensait qu’il n’était que ça, il allait la surprendre.

 

Kaderin exprimait son exaspération par des jurons fort imaginatifs, en s’élevant lentement, très lentement contre la muraille rocheuse.

— Ils ont certainement un système de dégivrage automatique thermoélectrique, grinça-t-elle avec la voix de Regina.

Jamais la Radieuse ne lui avait autant porté sur les nerfs. Kaderin avait toujours fait partie des rares Valkyries très âgées capables de la supporter sur de longues périodes, mais là… Regina n’avait pas pu se retenir de passer Radar Love au moins huit fois, alors que leur autoneige poussive était loin des performances dignes d’une chanson pareille. Si la « Cadillac » atteignait les quinze kilomètres-heure, poussée à fond, c’était vraiment le bout du monde.

Kaderin avait aussi eu droit à autant de Low Rider. Une grosse voiture customisée, ben voyons… Si cette saleté de clarine lui sonnait de nouveau aux oreilles…

Lorsqu’elles étaient enfin arrivées au pied des montagnes, elles avaient découvert un véritable parking à hélicos. Heureusement, Kaderin était imbattable en escalade, y compris parmi les autres Valkyries. Regina était donc restée en bas à surveiller l’autoneige « en musique ».

Kaderin ne cessait de se répéter qu’elle n’allait pas tarder à dépasser ceux qui avaient entamé l’ascension. C’était même bizarre qu’elle ne les ait pas encore rejoints.

Elle planta un de ses piolets plus violemment que nécessaire. Quand il heurta la roche, après avoir traversé la glace de part en part, les vibrations remontèrent le long de ses doigts gourds et de son bras douloureux.

Concentre-toi. Elle ne se trouvait plus qu’à une dizaine de mètres de la saillie la plus élevée. Tu entres, tu ressors. Des Russes pleins de vodka tenaient son destin entre leurs mains humaines.

N’empêche que ces points, il fallait les gagner. On ne se trouvait qu’à quatre mille mètres, mais on se serait cru à une altitude bien plus élevée, dans l’atmosphère appauvrie du pôle. Surtout quand on portait un gros sac encombrant, bourré de matériel.

Le secret de Kaderin pour mener la Quête à bien aussi souvent ? Enfin, à part une brutalité impitoyable envers les autres concurrents…

Toujours être prête à tout.

Une bourrasque soudaine la secoua en rugissant. Catabatique, hein ?

La rafale la souleva à l’horizontale. Elle serra les dents, cramponnée à ses piolets.

 

Le souffle coupé, Sébastian vit le vent projeter Kaderin de côté, juste en dessous de lui. Il glissa aussitôt jusqu’à elle, l’attrapa par sa doudoune, mais se rematérialisa les mains vides sur la corniche.

Nouvel essai, nouveau retour sans elle.

Il ne réussit à la téléporter qu’à la troisième tentative.

Toujours cramponnée à ses piolets, la Valkyrie ne s’étonna pas exagérément d’avoir été transportée de cette manière – ni de voir son prétendant sur un autre continent, au bout du monde.

Elle ne s’était pas séparée de son épée, rangée dans le fourreau contre son sac à dos, et avait attaché des crampons terriblement aiguisés à ses bottes, dont le bout orné de deux pointes rappelait la gueule des serpents à sonnette.

Lorsque le vent mourut, une seconde plus tard, elle leva brièvement les yeux au ciel.

— J’y étais.

— Peut-être.

Sébastian haletait, bouleversé.

— Pourquoi n’ai-je pas réussi à t’amener ici du premier coup, nom de Dieu ?

Kaderin était hors d’haleine, elle aussi.

— J’avais une bonne prise sur mes piolets.

Elle rangea lesdits piolets dans des boucles de ficelle qui dépassaient des côtés de son sac.

— Comprends-moi bien, vampire, tu ne peux pas me téléporter si je lutte. Je suis beaucoup trop âgée et trop puissante.

Âgée ? Puissante ? Elle n’aurait pu en avoir moins l’air. Une fois de plus, Sébastian fut frappé par sa petite taille. Elle faisait bien quarante centimètres de moins que lui, elle semblait tellement fragile… et elle portait un énorme sac, dont le seul poids aurait dû la faire basculer en arrière. Il ne voulait pas la lâcher. L’ascension l’avait essoufflée, elle était épuisée, et tout ça pour quoi ? Pour rien, puisqu’il aurait pu la transporter au sommet du pic en un clin d’œil.

— Pourquoi lutter ? s’étonna-t-il. Tu allais tomber.

— Seulement si mes piolets avaient lâché et, à mon avis, ils tenaient… même quand un énorme vampire essayait de m’en décrocher. Comment se fait-il que tu sois arrivé ici avant moi ? ajouta-t-elle entre deux halètements. (Mais, déjà, elle regardait autour d’eux, attentive à ce qui l’intéressait vraiment.) Tu étais dans l’hélico norvégien, c’est ça ?

— Je ne suis jamais monté dans un hélico de toute ma vie. J’ai glissé jusqu’à toi.

— Ce n’est pas possible. Les vampires ne savent pas faire une chose pareille.

— Moi si. Il me suffit de penser à toi comme à ma destination. Je ne serais pas arrivé au temple de Riora, autrement.

Sans lui prêter plus d’attention, elle entreprit de le contourner, mais il se plaça en travers de son chemin.

— Si tu m’avais laissé t’aider, je t’aurais accompagnée ici. Tu n’aurais eu qu’à me montrer le bon sommet pour que je t’y transporte en un clin d’œil.

Il avait bien aidé de cette manière les autres concurrents, en échange de renseignements sur elle. Kaderin haussa les épaules.

— J’aime grimper.

— Ça se voit. Tu as l’air… revigorée.

À ce sarcasme, elle rajusta son bonnet sur ses tresses, les sourcils froncés.

Il poussa un grand soupir. Ne l’ai-je pas assez insultée, depuis hier ?

— Pousse-toi. (Elle chercha une fois de plus à le contourner, mais il lui bloqua de nouveau le passage.) Je n’ai pas le temps de jouer à ça.

— Il faut que je te parle. De toute évidence, tu veux gagner cette… compétition, je ne sais pas pourquoi. Et moi, je veux te donner tout ce qu’il te plaira. Alors, arrête. Laisse-moi gagner en ton nom. Je te donnerai le prix à la fin, tu le sais pertinemment.

Si inutile qu’il soit. Sébastian avait du mal à maîtriser l’irritation que lui inspirait la foi aveugle de sa fiancée en la clé.

— Me le donner ?

Les yeux de Kaderin étincelaient.

— Un vampire me donnerait le prix ? (Il ne s’était sans doute pas exprimé de la meilleure manière…) Tu es d’une telle ignorance que tu ne peux même pas savoir à quel point tes prétentions sont ridicules. Je suis orgueilleuse, je suis méchante – je suis célèbre pour ça, figure-toi –, et tu t’imagines que je te laisserais transformer en cadeau de ta part ce dont je peux m’emparer sans problème ?

Les choses ne se passaient vraiment pas comme il l’avait imaginé…

— Bon, pousse-toi, maintenant. Il y en a d’autres qui grimpent pendant qu’on papote.

Si elle pouvait être brutale, lui aussi – il s’y était d’ailleurs préparé.

— Il n’y a plus d’amulette. C’est moi qui ai la dernière.

Kaderin en resta bouche bée.

— Je me doutais qu’il risquait d’y avoir un problème et que j’aurais peut-être besoin d’un moyen de pression, poursuivit-il. Alors, j’ai transporté la sirène et un fouisseur jusqu’à la caverne, là-derrière. Il ne reste qu’un des talismans… et on dirait bien que tu vas devoir l’accepter comme un cadeau de ma part.

À cet instant précis, Lucindeya sortit du tunnel, une amulette pressée contre son cœur. Le petit miroir disparut. Une odeur de feu et de forêt humide flotta un instant alentour.

— Merci, vampire, ronronna la sirène en jetant un regard triomphant à Kaderin. N’oublie pas ce que je t’ai dit.

Elle avait expliqué à Sébastian que « la Valkyrie » détesterait se faire aider en cas de problème. Il en avait déduit que la sirène n’avait tout simplement pas envie de le voir assister une concurrente, mais elle lui avait assuré que si jamais il parvenait à ses fins, elle en serait ravie car « rien ne saurait mieux renverser la grande, la fière Kaderin de son piédestal que le fait de tomber amoureuse d’une sangsue ».

Elle avait aussi juré sur le Mythos – un serment qu’ils prenaient manifestement très au sérieux, le kobold et elle – que le meilleur moyen de perdre Kaderin serait de l’aider, surtout en cas de problème physique. Quand il avait vu grimper sa fiancée, il s’était donc retenu de la transporter aussitôt au sommet, même s’il était terrifié pour elle.

Jusqu’au moment où elle avait été projetée de côté comme une poupée de chiffon.

Kaderin dévisagea la sirène avant de se tourner vers lui.

— Tu ferais mieux de croiser les doigts pour que Cindey ne te fredonne pas une petite chanson, sinon tu vas te retrouver à la suivre partout en bon petit caniche à sa maman.

— Je t’en prie, Valkyrie, coupa Lucindeya en tirant de son sac le matériel nécessaire à la descente. Je ne m’éclaircirais sûrement pas la gorge pour charmer un vampire. (Elle sourit à Sébastian en plantant son piton et en y accrochant sa corde.) Sans vouloir te vexer.

Sur ce, elle entreprit de descendre en rappel. Dès qu’elle eut disparu, Kaderin se retourna vers le passage. Ses yeux s’écarquillèrent. Son compagnon pivota juste à temps pour voir le kobold s’approcher d’un pas traînant dans le long tunnel de glace, où résonnait son joyeux sifflement.

Quand Sébastian lui avait demandé si la Valkyrie était mariée ou avait des enfants, la petite créature avait répondu que, pour ce qu’on en savait dans le Mythos, elle était célibataire et « sans descendance ». Le vampire ignorait cependant s’il fallait croire le fouisseur car, toujours d’après lui, Kaderin ne buvait ni ne mangeait jamais.

À présent, elle épiait sans bouger un cil le moindre mouvement du gnome qui se rapprochait toujours.

Un prédateur devant une proie potentielle, voilà ce qu’elle rappelait à Sébastian.

— Tu sais que je déteste les kobolds presque autant que les vampires ? lui expliqua-t-elle, le regard rivé sur le petit être. Et que lors de la dernière Quête, c’est Cindey qui m’a donné le plus de fil à retordre ?

Enfin, elle reposa les yeux sur son interlocuteur.

— Alors, tu vois, si tu voulais me foutre la haine, c’est gagné.

— Telle n’était pas mon intention.

Il y eut un éclair au loin, dans la nuit sans nuages. Il savait à présent que c’était elle qui l’avait provoqué.

— Tu m’as placée dans une situation intenable.

Elle ôta ses gants et se rapprocha de lui jusqu’à ce que leurs bottes se touchent.

— Mais ce n’est pas tout.

Levant une main délicate, elle lui promena doucement le dos de ses griffes lisses sur la joue, avant de reprendre, à l’instant précis où il allait fermer les yeux.

— Tu as aussi sous-estimé une Valkyrie.

Elle se laissa tomber accroupie à une vitesse folle, la jambe tendue, et planta les deux pointes du bout de sa botte dans la gorge du kobold. Puis elle se pencha vers la petite créature, l’attrapa et la délogea en secouant brutalement le pied.

Une fraction de seconde plus tard, elle se redressait, l’amulette à la main. Sébastian en resta bouche bée. Elle lui jeta un coup d’œil ennuyé et replia tranquillement les doigts sur le talisman, un à un, avant de le presser contre son cœur, jusqu’à ce qu’il disparaisse.

Le kobold se tortillait par terre, les mains crispées sur sa gorge, d’où jaillissait un sang jaune.

Indifférente à ses contorsions, elle soupira, agacée… puis le poussa du pied jusqu’au bord de la corniche, où l’attendait une chute de plusieurs centaines de mètres. Comme Sébastian la fixait, sous le choc, elle le considéra, la tête penchée de côté, avant de se raviser.

— Tant que j’y suis… –, d’arracher du roc le piton de la sirène, de tirer sur la corde jusqu’à déloger le suivant puis de lâcher le tout.

Un hurlement s’éleva, porté par le vent.

— C’est moi qui suis responsable de cette situation, lança-t-il, sidéré par cette soudaine méchanceté. Pourquoi ne pas prendre mon amulette à moi ?

— Ils étaient prévenus.

Kaderin s’empara de ses piolets.

— Mais la prochaine fois, c’est la tienne que je prendrai. Promis.

Après quoi, elle se laissa tout simplement tomber de la saillie.

Il se précipita pour la rattraper, mais elle avait disparu. Déjà, elle plantait ses piolets dans une autre corniche, cent cinquante mètres plus bas.

À l’instant précis où il s’y transportait, elle dégagea les deux outils d’une violente traction et plongea, une fois de plus, avant d’interrompre brutalement sa chute – beaucoup plus bas. Il expira dans un véritable rugissement puis se tassa sur lui-même en la voyant atteindre le pied de la montagne.

Là, elle lui jeta un regard menaçant, lança ses piolets dans la neige et fonça vers son véhicule.

La valkyrie sans coeur
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